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cupe que du présent ; d’après ce principe, ils lui recommandent la docilité, la gentillesse, et je ne sais quelle affection caressante ; ils font de ces qualités les vertus cardinales du sexe ; et, sans égard pour la variété que la nature met dans les caractères, un écrivain a déclaré que le sérieux étoit une qualité masculine dans une Femme ; elle a été formée pour être le joujou de l’homme, et il faut qu’elle remplisse cette destination.

Il est philosophiquement vrai que la gentillesse est le partage d’un être foible et délicat : la grâce en lui doit suppléer à la force ; mais quand la docilité n’est point raisonnée, quand elle se prête à tout, elle cesse d’être une vertu, et cependant il faut qu’elle ait ce caractère dans une association ou l’un des conjoints est toujours inférieur à l’autre, et lui inspire seulement une tendresse fade qui dégénère facilement en mépris. Encore si les monitions pouvoient rendre aimable et complaisante une Femme qui ne l’est point naturellement, il pourroit en résulter quelques avantages ; mais si, comme on peut le démontrer, ce conseil donne