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regarde cette détermination comme indélicate, et recommande soigneusement à ses filles de la cacher, quoiqu’elle doive régler leur conduite ; comme s’il étoit peu délicat d’avoir les appétits ordinaires de la nature humaine.

Belle morale, et d’accord avec la timide prudence d’une ame étroite qui ne sauroit étendre ses vues au-delà de la minute actuelle de son existence ! Si toutes les facultés de l’ame d’une Femme ne doivent être cultivées que dans le rapport de dépendance où l’on suppose qu’il faut qu’elle se trouve toujours vis-à-vis de l’homme ; si, quand elle a obtenu un époux, elle est arrivée au terme de sa carrière et que sa basse vanité se contente de ce chétif honneur, laissons-la ramper à son gré dans cette situation qui lui suffit, quoique le rôle qu’elle y joue ne l’élève guère au-dessus du règne animal ; mais si elle s’efforce d’obtenir le prix et l’estime dûs à un être raisonnable et immortel, qu’elle cultive son intelligence sans s’arrêter au caractère de l’homme auquel elle peut être destinée pour épouse ; qu’elle se décide seulement, sans trop s’inquiéter du bon-