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le chargea d’enseigner la loi aux trois cents disciples de l’école.

Mais, à cette vie active, Siddhârtha préféra bientôt la solitude contemplative et se dirigea vers le pays de Magadha[1]. Là, sans nul compagnon, établi sur le sommet d’une montagne, il descendait chaque matin pour quêter sa nourriture dans la ville de Râdjagriha.

Quand il fallut, pour la première fois, manger ce que la charité avait bien voulu donner, la nature princière se révolta ; lui, blasé sur les mets les plus délicats, allait-il donc se contenter d’un mélange grossier dont l’odeur seule lui soulevait le cœur ? L’homme accepte volontiers les sacrifices héroïques, mais parfois son courage vient échouer devant les petites choses. Ici ce ne fut qu’une défaillance passagère ; le sage réfléchit aux souillures et aux impuretés du corps, bien autrement repoussantes que la nourriture qu’il dédaignait, et il se soumit à cette nouvelle épreuve, qui lui coûta peut-être autant que l’abandon d’un trône.

Qu’il était beau le jeune solitaire lorsqu’il marchait dans les rues, avec sa longue robe et son manteau de pada[2],

  1. Le Behar moderne, à l’est de Bénarès.
  2. Espèce de toile teinte en rouge.