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Il est minuit ; l’astre qui présidait à la naissance de Siddhârtha vient de se lever à l’horizon, et il éclairera la fuite du sage. À pas furtifs, comme un voleur qui va commettre un larcin, le Bôdhisattva traverse les galeries du palais ; le voici devant l’appartement de Gôpâ. Il n’avait pas prévu cette tentation suprême. Cette femme, qu’il a choisie entre toutes, et dont l’amour sut un instant le ravir aux pensées sérieuses ; ce fils, qu’il ne connaît pas encore, ils sont là, derrière cette porte. Avant de s’éloigner pour toujours, ne jettera-t-il pas sur eux un dernier regard ? Le prince entr’ouvre doucement la porte et reste immobile sur le seuil. Souriante et paisible, Gôpâ s’est endormie, le nouveau-né entre les bras ; le père n’y résiste pas ; il va s’avancer pour embrasser son fils une seule fois, la première et la dernière ; mais, pour arriver à l’enfant, il faut écarter le bras de la mère, ce bras vigilant, même au sein du sommeil ; Gôpâ s’éveillera ; aura-t-il la force de résister à ses reproches et à son désespoir ? Par un douloureux effort, la main de Siddhârtha laisse retomber la porte ; il vient de livrer son plus rude combat.

Dans la cour, Kantaka, le cheval aussi blanc que la neige, hennissait d’impa-