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comme un éclair ; ce fut la fantaisie d’une heure de jeunesse, le tribut payé à la nature, l’un des sentiments qui devaient rattacher le sage au reste des êtres, et nous le rendre plus aimable en le présentant sous un côté plus humain. Tout semble prouver que Gôpâ fut la seule épouse du Bôdhisattva, la première et la dernière femme qui eût fait battre son cœur. À l’inverse de ces monarques de l’Orient, jaloux sans avoir le droit de l’être, Siddhârtha permit à Gôpâ de supprimer l’usage du voile. Cette innovation déplut à la cour ; on fit des remontrances à celle qui osait ainsi offrir à la vue de tous les charmes qui n’appartenaient qu’aux seuls regards d’un époux. « Ne conviendrait-il pas de reprendre cette jeune femme qui n’est jamais voilée ? » disaient les matrones. « Les dieux, répondit la princesse, connaissent mes pensées, mes mœurs, mes qualités, ma retenue et ma modestie. Pourquoi me voilerais-je le visage ? »

Ces paroles, dignes d’une chrétienne, eurent l’approbation de Souddhôdana. Le vieux roi, revenu de ses préventions et captivé par sa belle-fille, l’accablait de cadeaux ; il se félicitait sans cesse d’avoir réuni deux êtres si bien faits pour s’en-