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contraintes de baisser les yeux sous le regard du prince. Tout autre eût été troublé devant cet essaim de beautés ; nonchalant et distrait, le futur Bouddha laissait errer son regard sur toutes ces femmes dont aucune n’avait su le captiver ; tous les bijoux étaient donnés lorsque Gôpâ entra tout à coup. On peut supposer qu’elle s’était attardée à sa toilette ; mais, le Lalita-vistara restant muet sur ce chapitre, nous n’osons rien affirmer.

Sans hésitation, sans crainte, elle marcha droit au trône, et regarda fixement Siddhârtha sans cligner les yeux. « Jeune homme, lui dit-elle, quelle offense t’a été faite par moi que tu me dédaignes ainsi ? — Je ne te dédaigne pas, en vérité, mais tu arrives bien tard. » Et déjà charmé, Siddhârtha, qui n’avait plus de bijoux, détacha son bracelet et le passa autour d’un bras parfumé comme la fleur de la Soumanâ. — « Convient-il que je reçoive de toi de pareilles choses ? » fit Gôpâ, un peu émue et presque effrayée d’une si prompte victoire. N’est-ce pas un des traits du caractère des femmes de reculer quand elles voient leurs plus chères espérances sur le point de s’accomplir ? « Ne crains rien, dit le Bôdhisattva ; ceci et tout ce que j’ai est à toi ; emporte-le. »