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vant lui un homme qui souffre des douleurs inouïes ; le pédant, vieilli dans les discussions de l’école, demande au maître son avis sur les six grands philosophes, dont les doctrines partageaient les esprits. « Soubhadra, réplique le Bouddha avec douceur, ces questions sont inutiles ; écoutez plutôt la loi que je vais vous prêcher. » Et il convertit à l’instant cet hérétique endurci, qui avait alors cent vingt ans, s’il faut en croire la tradition chinoise.

La nuit s’avance ; les forces de Sâkya sont épuisées ; déjà un froid mortel envahit son corps ; l’âme n’a rien perdu de sa sérénité. « Ne vous désolez pas, dit le malade à ceux qui s’efforcent, en vain, de lui cacher leurs larmes ; je quitte ce monde, mais la Triple corbeille[1] restera pour vous guider, et je serai encore parmi vous. »

Le moment suprême est arrivé. Le Bouddha se dresse sur sa couche ; il étend la main pour bénir les religieux ; et, de ses lèvres défaillantes, s’échappe trois fois le même appel : « Si vous avez des doutes

  1. La collection des livres sacrés, composée du Vinaya « discipline », des Soûtras « récits légendaires », et de l’Abhidharma « métaphysique. »