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et que, dans trois mois, ses disciples ne le verraient plus. Des sanglots lui répondirent ; ces rudes poitrines d’ascètes, qui semblaient inaccessibles au chagrin, se soulevaient violemment ; le respect seul comprimait l’explosion de la douleur, et Sâkya-Mouni, plus ému qu’il ne voulait le paraître, s’enfuit pour échapper à ces témoignages d’affection.

Le lendemain matin, accompagné d’Ananda, il gravit une colline qui dominait Vaisali, et envoya des adieux attendris à la cité superbe qu’Adjâtasatrou devait détruire par le fer et le feu. « Vaisali, où je reçus tant de marques de respect et d’amour, Vaisali, où germa la bonne semence, salut pour la dernière fois ! »

Si le religieux avait subjugué toutes les passions, la faculté de sentir et d’aimer lui restait encore malgré lui.

Dans un précédent voyage à Vaisali, le Bouddha avait converti la courtisane Amrapalî, célèbre par ses charmes, son luxe, et le nombre de ses amants. À l’instruction variée qui, dans l’Inde ancienne, était le privilége exclusif des courtisanes, Amrapalî joignait des talents agréables ; sa voix se mariait avec souplesse aux sons des instruments ; elle exécutait admirablement ces danses mimées et lascives, dont