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aussi les maladies morales ? Regardez Ananda ; le voyez-vous se faner comme un roseau vert, coupé dans l’étang ? que lui donnerez-vous, pour calmer cette fièvre qui fait courir du feu dans ses veines ? »

Ananda tressaillit. Comment pouvait-on deviner ce qu’il cachait au fond de son cœur ? — « Crois-tu donc, Ananda, dit le maître, que je ne connaisse pas les pensées de tous les êtres ? tes combats sont le résultat d’une faute commise par toi, dans une existence antérieure. Autrefois, j’exerçais la profession de marchand, et je voyageais sans cesse pour mon commerce. Je montais un âne, que je croyais docile, et je l’aimais beaucoup. Un jour que je l’avais laissé seul dans un champ, la bride sur le cou, il s’en fut rôder galamment autour d’une ânesse. Quand je voulus reprendre mon voyage, l’âne me fit comprendre, en se roidissant, qu’il ne voulait plus me servir, et prétendait retourner vers celle qui l’avait charmé. Il faillit me renverser ; j’eus fort à faire pour le ramener à de meilleurs sentiments. Eh bien ! sachez-le tous : cet animal ingrat, qui s’abandonnait à ses passions, c’était Ananda ! Si la pensée des femmes le trouble aujourd’hui, c’est une juste expiation de cette