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pour cela ils ne doivent pas espérer s’entredétruire dans une lutte nécessairement sans issue. Mais Guizot espérait, chimériquement, la pacification par un procédé « de rapprochement et de concentration », qui représente dans le gouvernement de l’État tous les intérêts du pays, et dans la forme du gouvernement toutes les formes de gouvernement possibles : l’absolutisme par l’unité du monarque héréditaire, l’aristocratie par la pairie héréditaire et la démocratie par une assemblée qui représente, selon une hiérarchie exacte des mérites sociaux, le peuple entier. Il espérait faire en sorte que la démocratie montante « trouvât partout des issues et rencontrât partout des barrières[1] » ; et ainsi, sans la supprimer, il voulait la contenir et la régler.

C’est la besogne que Metternich et Pie IX, déclaraient vaine entre toutes ; Marx, avec eux pensait qu’on n’arrête pas la révolution, et les concessions qu’on lui fait, loin de la désarmer, la précipitent. Mais Marx ajoute que la bourgeoisie elle-même travaille à sa propre défaite et à la victoire du prolétariat.


I

BOURGEOIS ET PROLÉTAIRES


2. La lutte des classes. — Tout l’effort critique de la doctrine marxiste consiste à expliquer

  1. Ibid., p. 124.