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La première forme que prit ce commun labeur fut une critique de Feuerbach et de toute l’école de politiciens philosophes, de nuance radicale ou communiste, issue de lui. Il est sûr que de telles doctrines commençaient à se répandre dans la Fédération des justes à mesure que les charpentiers (feuerbachiens) y gagnaient du terrain et que les tailleurs (weitlingiens) en perdaient ; et le weitlingianisme lui-même devait être déraciné. « Il fallait démontrer que ce qui était en question, ce n’était pas l’application d’un système utopique quelconque, mais la participation consciente à l’évolution historique de la société qui se passe sous nos yeux[1] ». L’ouvrage ne fut jamais publié. A-t-il été vraiment, comme l’a dit Karl Marx, livré à « la critique rongeuse des souris » ? La rumeur s’est répandue qu’il n’en est rien. L’ouvrage sans doute verra le jour. Il en subsiste, avec les onze thèses sur Feuerbach, que Frédéric Engels jadis a publiées[2], un pamphlet contre Karl Grün, inséré dans le Westphælisches Dampfboot (août-septembre 1847), et réédité par la Neue Zeit (1895, t. I), qu’il y a lieu de considérer comme un fragment de l’ouvrage. Pareillement, dans la Deutsche Brüsseler Zeitung, éditée par von Bornstedt depuis janvier 1847, beaucoup de leader-articles, bien que non signés, sont incontestablement de Marx et d’Engels. Un groupe d’intellectuels révolutionnaires

  1. Karl Marx. Herr Vogt, 1860, p. 35.
  2. Dans l’appendice de son opuscule sur Ludwig Feuerbach, Stuttgart, 1888.