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par le passé, vous répondez par des actes de brutalité grossière aux demandes modestes du peuple, — alors malheur, non pas au peuple — car la cause du peuple ne peut plus périr, — mais, malheur à vous, riches ! Vous aurez voulu vous-même votre anéantissement, et il ne manquera pas. Vous ne voulez pas de la réforme sociale. Pliez donc sous la révolution sociale ! »

On voit que cette théorie, qui annonce déjà Lassalle, est aussi comme une ébauche de marxisme. Elle fortifie dans cette Ligue des Bannis, qui sera l’aïeule de la Fédération des communistes, les notions suivantes : 1o la notion de la lutte des classes ; 2o une notion, assez correctement formulée, de la concentration des capitaux ; 3o une théorie de la prolétarisation progressive, très voisine du Manifeste communiste ; 4o une théorie de la révolution, qui ne sera pas politique seulement, mais sociale, et à laquelle il ne manque, pour être tout à fait marxiste, que le pessimisme plus profond qui fait que chez les communistes de 1847 la révolution violente est jugée inévitable ; 5o la création même des ateliers nationaux, bien que Marx ne lui attribue plus la valeur d’une panacée, demeure dans le programme marxiste (§ 53, article 7) comme un moyen de transition efficace.

Il est sûr que la doctrine ainsi ébauchée dépasse infiniment le radicalisme nationaliste de Bœrne et de Venedey. À la méthode conspiratrice, préoccupée de coups de force futurs, se joignait, dans la fédération des anciens réfugiés, ce modérantisme qui bornait la révolution