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liers nationaux, devant l’évident succès, pourraient être commandités du coup. Ils briseraient la féodalité urbaine nouvelle, aussi oppressive que la féodalité agraire du moyen âge. Et la république coopérative, « bientôt rayonnante dans le plein idéal de sa prospérité, répandrait des gerbes de flamme dans les ténèbres désertes des industries mortes ».

On peut craindre, à vrai dire, que la production ne dépasse bientôt la consommation. Le produit du travail allemand actuel, réparti selon le mode coopératif, suffirait presque à abolir la pauvreté. Il faut escompter que par l’amélioration de l’agriculture, par le commerce extérieur et intérieur facilité, par le développement nouveau de l’industrie urbaine, il sera décuplé, vingtuplé peut-être, et ainsi les acheteurs pourront manquer. Mais ne suffirait-il pas d’abréger la journée de travail pour rétablir l’équilibre ? (Ibid., p. 19.) La république coopérative apporte toutes les émancipations, y compris le loisir indispensable à la pensée et à la joie.

Schuster ne doute pas que l’État, si on lui propose cette solution pacifique de la question sociale, ne l’accepte. Il est vain d’attendre, comme Fourier, le millionnaire philanthrope, qui fera seul le sacrifice nécessaire à l’émancipation des prolétaires. Mais on peut s’adresser à l’intelligence des riches, représentés par leur délégation gouvernementale. Qu’ils choisissent, en connaissance de cause, la paix offerte ou la guerre, certaine après leur refus. « Si vous repoussez les paroles de conciliation, si, comme