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2o La difficulté est plus complexe quand il s’agit d’un parti auquel les effectifs ouvriers ne fournissent qu’une part de ses contingents. Le marxisme appuiera celui de tous les partis qui, avec le plus d’initiative énergique, réclame pour le prolétariat la plus grande part de pouvoir politique, simultanément avec la plus grande part d’améliorations sociales.

En France, entre les radicaux selon la Charte et les réformistes, la différence ne semble pas d’abord très grande. Le National d’Armand Marrast soutient qu’il faut « améliorer la condition des classes pauvres ou cesser de s’occuper de politique », comme la Réforme de Ledru-Rollin veut « faire passer les ouvriers de salariés qu’ils sont à l’état d’associés ». L’un et l’autre affirment que la forme politique la plus apte à procurer le gouvernement de tous par tous et pour tous, c’est la République. L’un et l’autre déclarent que les voies pacifiques sont les seules pour la fonder. Mais Marrast compte sur la conversion de la majorité parlementaire ; Ledru-Rollin sur la force organisée de la majorité nationale, exclue jusqu’alors de ses droits politiques, sur les masses populaires qu’il mettra en mouvement dans des manifestations imposantes. Le pétitionnement pour l’organisation du travail est dû à Ledru-Rollin, et s’il « hait les communistes », il veut désigner par là les utopistes indifférents à la forme du gouvernement, plutôt que les chefs du mouvement prolétarien. Son journal, plus favorable aux associations facultatives de Pecqueur qu’aux ate-