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une « question de ventre ». « La puissance politique est pour eux le moyen d’action ; la béatitude sociale, la fin. » Malgré « l’apparence réactionnaire » de plusieurs de leurs réformes sociales et notamment de ce programme agraire, dont O’Connor s’engoua, ce parti, dont les contingents sont tous prolétariens, doit être soutenu[1].

Les réformateurs agraires (l’anti-rent league) des États-Unis n’ont pas un programme qu’il soit aisé d’approuver ; et la défense qui en était présentée par le socialiste philosophe Hermann Kriege (§ 62-65) achevait de le compromettre dans l’esprit des marxistes. Il s’agissait de soustraire à l’accaparement capitaliste 1.400 millions d’acres de biens d’État demeurés disponibles et d’en faire la concession gratuite aux travailleurs, en les répartissant par fermes de 160 acres. C’est ne pas tenir compte que ces lots seront de fécondité inégale ; l’échange rétablira l’inégalité que l’on a voulu ôter de la production, et cette réforme s’attarde dans un système de petite culture voué à la faillite tôt ou tard[2]. Mais le parti qui défend ce programme erroné est un parti prolétarien. Il faut le soutenir.

  1. Sur ce programme agraire, v. Appendice au Manifeste, p. 80 sq. Plus tard, le marxisme se sépara de la fraction O’Connor, « disposée à la réconciliation », et ne resta en contact qu’avec le chartisme révolutionnaire. Voir la circulaire de juin 1850, dans Enthüllungen über den Kommunistenprozess, p. 88.
  2. Voir les articles de Marx et d’Engels dans le Westphaetisches Dampfboot (juillet 1846), réédités dans Neue Zeit, XIVe année, t. II, 1895-96.