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précisées, sa position étant prise dans la lutte des classes, et son idéologie fixée par la critique des idéologies adverses, c’est sa tactique qu’il convient d’arrêter pour les batailles prochaines. Ces batailles, le communisme ne les livrera pas seul. Trop faible encore pour se passer d’alliances, c’est sur la nature de ses alliances seulement qu’il peut discuter. La politique ici encore doit être réaliste et non sentimentale. Il faut au communisme les alliances qui le fortifient. Mais ce ne serait point une force que de s’assurer des succès immédiats, s’il fallait, en les contractant, affaiblir le sentiment de classe. Sans doute les succès immédiats ne sont pas à dédaigner ; les fins lointaines et l’aboutissement du mouvement intégral cependant ont la primauté.

Marx et Engels découvrent deux sortes d’alliances possibles : 1o avec des partis ouvriers ; 2o avec des partis non ouvriers.

1o. Le premier cas n’offre pas de doute. « Les communistes ne forment pas un parti distinct en face des autres partis ouvriers » (§ 33). Ils appuient toujours le parti ouvrier existant, quand même il ne serait pas encore communiste. Ce cas est fréquent en pays anglo-saxon. Les chartistes anglais n’ont, pour l’instant, qu’un programme surtout politique[1], mais dont le « caractère social » transparaît, depuis que Stephens a défini la question de la charte comme

  1. Ce sont les six points fameux : 1o suffrage universel ; 2o renouvellement annuel des Chambres ; 3o traitement pour les députés ; 4o scrutin de ballottage : 5o égalité des circonscriptions électorales ; 6o suppression du cens d’éligibilité.