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dans leurs bureaux une existence méprisée ; à des millions d’ouvriers qui, affamés, exténués, s’étiolent dans leurs ateliers sordides. » Aucun de ces hommes n’a la perspective de fonder jamais une entreprise à lui, n’a un revenu digne d’un homme, ni une sécurité pour la vieillesse. » La richesse ne trouve le chemin que des riches : Nur zu den Reichen führt neuen Reichthums Pfad. (Ibid., p. 25.) « L’opposition de deux classes tous les jours s’accuse davantage : celle des riches qui consomment et ne produisent rien ; celle des pauvres qui produisent tout et sont frustrés de tout. » (Ibid., p. 35.)

Ainsi Schuster distingue nettement que la technique moderne pousse à la grande production. Et il dépasse son maître Sismondi en ce qu’il admire l’audace révolutionnaire de ce puissant outillage. L’esprit réactionnaire de la petite bourgeoisie, qui croit se sauver par la proscription violente du machinisme, ne l’a pas touché. La même révolution technique, qui hâte la prolétarisation des artisans, rend nécessaire la socialisation, Schuster, sans doute, la réclame en idéologue, qui se fonde sur la raison et la justice. Mais il sait aussi, avec des menaces, faire entendre le grondement de la révolution prolétarienne.

Son projet pratique de réformes, qui sans doute lui vient de Buchez, est déjà tout lassalien. L’organisation qui seule tournera au salut public « les forces immenses et aujourd’hui destructives d’hommes » que recèle le machi-