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sur ses intérêts propres, et mal guidé par des hommes qui n’étaient pas toujours qualifiés pour parler en son nom, trouve néanmoins sa défense, la moins imparfaite, il en faut distinguer deux catégories : 1o les doctrines dont le Manifeste « ne parlera pas » ; 2o celles dont il parle pour les rejeter.

69-70. Le babouvisme. — C’est un point, croyons-nous, controversable que de savoir pourquoi le Manifeste ne veut pas parler du babouvisme. Faut-il penser, avec Édouard Bernstein, que seule la doctrine de Babeuf échappe à la critique marxiste ? Mais il nous paraît certain que Babeuf, s’il n’est pas analysé dans le Manifeste, y est apprécié nettement. Les mots sur cette littérature « nécessairement réactionnaire» qui accompagne les premiers mouvements d’un, parti prolétarien jeune encore, qui peuvent-ils désigner, si ce n’est Babeuf ?[1]. N’est-ce pas Babeuf qui interdisait qu’aucun membre de sa communauté possédât « autre chose que ce que la loi lui donne par la tradition réelle du magistrat » ? Et que donnait-elle ? « Un logement sain ; des habillements de travail et de repos, de fil ou de laine ; le blanchissage, l’éclairage et le chauffage ; une quantité suffisante d’aliments en pain, viande et autres objets dont la réunion constitue une médiocre et frugale aisance. » N’est-ce pas là cet « ascétisme universel et cet égalitarisme grossier » dont parle le Manifeste (§ 70) ?

  1. Ed. Bernstein raisonne comme si le § 70 du Manifeste ne s’appliquait pas à Babeuf. Die Voraussetzungen des Sozialismus, p. 29.