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fessionnelle », comme le voulait Chevalier ; « développer la passion du bien-être », comme le recommandait Rossi ; signaler surtout, avec Rossi encore et Dunoyer, l’« imprudence matrimoniale » des ouvriers, où en trouverait-on un plus grand nombre que dans leurs écrits.

Les philanthropes, évidemment, s’enhardissent davantage. « Ils veulent faire de tous les hommes des bourgeois. » Il y a l’économiste Blanqui, avec son système de participation aux bénéfices ; Léon Faucher qui, pour remédier au chômage en masse engendré par l’introduction des machines, stipule une indemnité d’État pour les travailleurs évincés, alléguant que « le travail est une propriété tout aussi légitime qu’un champ ou une maison, dont il parait illégitime qu’on vous exproprie sans dédommagement[1] ». Ces tentatives pour concilier des antagonismes sont hypocrites ou aveugles, pour les marxistes. L’antagonisme ne se résout que par la bataille ouverte et par la défaite d’un des adversaires.

Si Proudhon avait dénoncé comme impraticables les intentions généreuses de ces théoriciens, comment le Manifeste cependant le classe-t-il à leur suite ? Comment l’élève de Karl Grün et celui que Marx, à toutes les pages du livre où il le réfute, traite de « petit bourgeois[2] », est-il rangé parmi les tenants du grand capitalisme. Est-ce pour sa haine de quelques formules communistes mal comprises de lui (§ 46) ? pour son

  1. Proudhon. Contradictions économiques, I, p. 171.
  2. Marx. Anti-Proudhon, p. 201.