Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de Feuerbach et de la plus récente critique religieuse allemande, ils estimèrent que l’Allemagne représentait la pensée émancipatrice du monde, tandis que la France, vouée aux révolutions et aux guerres, en représentait l’affranchissement pratique. Ils crurent nécessaire d’unir la pensée et l’acte, d’éclairer l’activité française par la critique allemande, de rendre efficace la pensée germanique par l’apprentissage de l’énergie prolétarienne française. Dans cette alliance, nul doute que l’Allemagne, en qui résidait la conscience claire d’une pensée critique, ne fût directrice. Marx et Engels eux-mêmes furent de ce groupe. Avec eux, Moses Hess, Karl Grün, Otto Lüning, Püttmann, Hermann Kriege. Chacun d’eux dirigeait pour le moins une revue. Mais tous écrivaient dans celles de tous les autres[1].

Quelques-uns, plus instruits des choses anglaises, estimaient sans doute que l’Angleterre

  1. Les ouvrages principaux de Moses Hess étaient alors : 1) Die heitige Geschichte der Menschheit (1837) ; 2) Die Europæische Triarchie (1841), et de nombreux articles ; — ceux de Karl Grün : 1) Une conférence : Ueber wahre Bildung (1844) ; 2) Die sozialen Bewegungen in Frankreich und in Belgien (1845). Nous avons maintenant une monographie excellente de tout ce socialisme philosophique par David Koigen, Zur Vorgeschichte des modernen philosophischen Sozialismus, Berne, 1901. V. Introduction historique, p. 341 Nous ajouterons aux revues citées alors celle éditée par Hess à Elberfeld, et Iserlohn, sous le titre : Die Gesellschaftlichen Zustænde der civilisirten Welt (1846-47), où collaboraient Marx, Engels et Lüning, et le Westphælisches Dampfboot (1845-48) de Lüning, où Marx et Engels publièrent les articles dont il va être question ; le recueil des Einundzwanzig Bogen aus der Schweiz, de Herwegh (1843), et celui des Neue Anecdota de Karl Grün (1845).