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Sans doute, il croyait à la durée possible de la petite culture. Il proposait le lotissement des communaux d’Angleterre en petites fermes. Mais il estimait que seuls les « défenseurs des anciens abus » songent à rétablir les jurandes[1]. Il songeait seulement à reconstituer pour l’ouvrier une protection analogue à celle que les jurandes lui accordaient. Il demandait que les chefs de métier et les patrons agricoles fussent formés en sociétés d’assurance obligatoire, chargées de subvenir aux besoins de leurs ouvriers en cas de chômage ou de détresse[2]. Le maître antique ou féodal savait qu’il avait à subvenir à l’entretien de ses serfs et de ses esclaves. N’est-il pas légitime que le patron moderne prenne à sa charge toute la subsistance de ses travailleurs ? La pensée de la législation d’assurance moderne n’a point d’autre fondement. Si elle est due à Sismondi, on ne peut pas dire que son école ait fini « dans le marasme » (§ 61)


c) Le socialisme allemand ou socialisme « vrai »

62-66. Le communisme est une « rupture radicale avec les idées traditionnelles » (§ 51). Mais il est, avant tout, chez Marx et Engels, une rupture avec leur propre passé. Ils étaient venus en France, en 1843, avec ce groupe de littérateurs réunis autour d’Arnold Ruge et dont la préoccupation fut de sceller l’« alliance intellectuelle de la France et de l’Allemagne ». Armés d’Hegel,

  1. Sismondi. Nouveaux principes, I, 357, 427, 435.
  2. Ibid. II, 350, 353, 360-362.