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poussière de coton, de clameurs d’ivrognes, de fureur et de torture » ; les convulsions aussi du commerce, la piraterie industrielle, la dissolution des anciennes croyances, des relations patriarcales, et, pour comble, le mécontentement farouche de la classe opprimée, sa rébellion en de sauvages soubresauts[1], combien de fois Engels n’en avait-il pas emprunté le tableau à Carlyle ? La révolution de 1848 a jeté Carlyle dans la réaction, l’a fait complice de tous ceux qu’il avait stigmatisés auparavant. Mais ce stigmate est si profond, qu’il reste.


b) Le socialisme des petits bourgeois

59-61. La petite bourgeoisie a, elle aussi, ses théoriciens, et le communisme peut d’autant mieux tirer parti de leurs œuvres que tout leur effort critique consiste à décrire la chute tragique de l’artisanerie ancienne, de la petite culture et du petit commerce. Cette prolétarisation des menues industries au profit de la grande ne sera-ce pas un des arguments principaux du communisme ? Et le Manifeste ne le méconnaît point : le socialisme petit-bourgeois a démontré « d’une façon irréfutable » : 1o les effets destructeurs du machinisme et de la division du travail ; 2o la concentration des capitaux et des terres ; 3o le mécanisme de la surproduction et des crises ; 4o la ruine nécessaire des petits

  1. Engels. Die Lage Englands, dans Deutsch-französischer Jahrbücher, et Lage der arbeitenden Klassen, pp. 69, 93, 121, 278.