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L’altitude politique est comique de ces barons oublieux des méfaits passés de leur propre classe, et qui arborent la besace prolétarienne, tandis que, selon le mot de Heine, l’on aperçoit, quand ils se détournent « les écussons dont leurs chausses se blasonnent par derrière[1] ». Mais leur jugement amer et injurieux fut spirituel souvent et juste. Les noms toutefois manquent. S’agit-il de ces agrariens, dont Wagener était le porte-parole et qui venaient de créer à Cologne cet Observateur rhénan spécialement dirigé contre la première Gazette rhénane, de Karl Marx ? On le pourrait croire. La Gazette allemande de Bruxelles, où écrivaient Marx et Engels, s’en prit souvent à ce socialisme féodal, agrarien, dont la réforme principale était la suppression de quelques impôts de consommation et l’institution d’un impôt de 4% sur le revenu. Hermann Wagener allait jusqu’à dire, bien avant Bismarck, que « le communisme n’avait pas été inventé par les communistes ; qu’il était reconnu dans le Landrecht prussien » ; et, d’une alliance de la couronne avec le prolétariat, il se promettait « un changement complet des conditions sociales, l’abolition de la misère ». C’est à quoi Marx répondait que le peuple ne se souciait pas de ce bon vouloir d’un gouvernement qui lui jetait des aumônes avec des

  1. Le Manifeste emprunte littéralement ce vers de Heine, qui décrivait dans son poème de l’Allemagne (1844), chap. 3, les gentilshommes féodaux.

    Die in dem Herzen getragen die Treu
    Und auf dem Hintern ein Wappen.