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L’enseignement futur sera gratuit à tous les degrés. Il n’est pas admissible qu’à la différence naturelle des aptitudes s’ajoute l’inégalité initiale des moyens de s’instruire. C’est ajouter une différence intellectuelle grave aux différences de classe, que de parquer très jeunes dans l’atelier les enfants du prolétariat, à qui est refusée ainsi la possibilité de s’assimiler le savoir contemporain, tandis que les enfants de la bourgeoisie, incapables de labeur manuel, se spécialisent dans les travaux de l’esprit. L’homme intégral est cerveau et bras. L’éducation intégrale sera manuelle à la fois et intellectuelle. Elle s’interdira les exercices de luxe propres à induire en erreur la jeunesse sur l’obligation future au travail. Weitling et les Justes avaient ici encore atteint au vrai : « Les travaux dans l’armée scolaire seront organisés de telle sorte qu’il en puisse résulter, outre l’instruction de la jeunesse, une utilité matérielle pour la société.[1] »

L’organisation établie par cette triple série de mesures juridiques, économiques et scolaires, n’est pas encore la république sociale. Elle se ressent des luttes anciennes. Le prolétariat, opprimé jadis, se fait dictateur à son tour, et fait peser son pouvoir de classe dirigeante sur les autres classes. C’est une phase encore de l’antagonisme. Mais c’en est la dernière. Les « infractions despotiques » que commet le prolétariat n’ont pas pour objet de « sauvegarder une situation » privilégiée (§ 28). Elles

  1. Weitling. Garantieen, p. 188.