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on le conçoit, puisque tout travail d’idées permet une meilleure adaptation au milieu (§ 33). Mais nous savons aussi que ces sentiments et ces doctrines trahissent des intérêts de classe dont ils sont la conscience. Ainsi leur hostilité au communisme va de soi. C’est ici, surtout, qu’il convient de se souvenir que ces idées et ces sentiments n’ont de sens que si on admet, au préalable, la nécessité d’une classe bourgeoise.

Des bourgeois allégueront, comme Guizot, « un impérissable instinct » de l’homme qui veut que « Dieu préside à sa destinée et qu’elle ne s’accomplisse pas tout entière en ce monde ». Les communistes, diront-ils, abolissent Dieu, parce que « seuls, en présence de leurs maîtres terrestres…, les hommes voudront absolument les jouissances de cette vie et la répartition égale de ces jouissances ». « La famille et l’État, la propriété et l’hérédité, l’histoire, la gloire, tous les faits et tous les sentiments qui constituent la vie étendue et perpétuelle de l’humanité au milieu de l’apparition si bornée et de la disparition si rapide des individus humains…, la république sociale supprime tout cela. » Elle supprime, « ce qui marque l’homme pour la souveraineté dans ce monde et pour l’immortalité au-delà de ce monde ». Mais rien ne peut soustraire un pays « à ces conditions nécessaires, inévitables, de la paix sociale et de bon gouvernement. Il peut les méconnaître et souffrir, souffrir sans mesure et sans terme, en les méconnaissant. Il ne peut les abolir[1] ».

  1. Guizot. De la Démocratie en France, p. 59, 61, 154.