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cessivement, elle n’en bouleversera aucun d’un seul coup. En chaque pays, elle se composera d’une double série de secousses prolongées : 1o la couche sociale qui d’abord remontera à la surface sera la petite bourgeoisie. Cette structure sociale s’appellera la République démocratique et sociale ; 2o une succession violente de tremblements sismiques fera affleurer ensuite, en refoulant cette couche superficielle, la couche la plus profonde de la société : le prolétariat. Ce sera là la République communiste.

Entre la théorie d’Engels qui attend la révolution d’un effondrement soudain, et celle de Marx, qui lui assigne de longs délais, la transaction semble impossible. Il n’est pas étonnant que, présentées simultanément dans le Manifeste, elles y aient laissé des traces d’incohérence.

II

PROLÉTAIRES ET COMMUNISTES


33-35. Définition et rôle du communisme. — La classe prolétarienne s’unifie de plus en plus dans sa condition d’existence, mais elle n’est pas encore unifiée. Elle s’unifie dans sa conscience de classe et concentre son action politique. Mais ni l’unité de l’action ni l’unité de conscience ne sont encore atteintes. Qu’est-ce donc qui joindra les divers prolétariats désunis encore ? La propagande communiste.

On appelle communistes des hommes qui ont acquis « l’intelligence des conditions, de la