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mais au lieu de marcher à la conquête des libertés, ils se traînent à genoux devant les princes les implorant de leur faire l’aumône de quelques miettes de libertés. Aussi la Gazette allemande de Bruxelles dit-elle avec raison : « Jamais aucun peuple ne conquit ses libertés en les implorant comme une grâce de la part des rois. On fait l’aumône à un pauvre, mais un peuple sain et robuste demande des droits. Et comme pour une bonne armée, le proverbe a raison de dire : Pendant la paix, on doit se préparer à la guerre[1]. »


V


Sur la crise économique de 1847 en Angleterre. — On sait quelle importance a dans le marxisme, et surtout dans la forme que lui donne Engels, la théorie des crises. Engels mettait son amour-propre à prédire les crises économiques avec exactitude, Il avait prédit celle de 1847. Il avait signalé, en 1845, dans son livre sur Les Classes laborieuses en Angleterre (2e éd., pp. 89 et 239), qu’après la vive prospérité du

  1. C’est un extrait, un peu inexact, fait de mémoire, d’un article de Marx dans la Gazette allemande de Bruxelles. « Le peuple est de tous les éléments politiques le plus dangereux pour le roi. Non pas le peuple dont parle Frédéric-Guillaume, et qui, les larmes aux yeux, remercie quand on lui donne un coup de pied et un gros sou. Ce peuple-là est tout à fait inoffensif, car il n’existe que dans l’imagination du roi. Le peuple vrai, le prolétariat, les petits paysans, la populace, sont autres. Ce peuple est, comme dit Hobbes, puer robustus, sed malitiosud, un garçon robuste, mais malicieux, et il ne laisse ni les rois maigres, ni les rois gras, se moquer de lui. Ce peuple-là, avant tout, contraindrait Sa Majesté à lui donner une constitution, avec le suffrage universel, la liberté d’association, la liberté de la presse, etc. »