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la liberté bourgeoise de la presse, le droit bourgeois, la liberté et l’égalité bourgeoises ; d’enseigner aux masses populaires comment, à ce mouvement bourgeois, elles n’avaient rien à gagner et tout à perdre. Fort à propos, le socialisme allemand oublia que cette critique française, dont il n’était qu’une redite médiocre, supposait existante la société bourgeoise moderne, avec les conditions matérielles de vie qu’elle implique et la constitution politique qui s’y adapte ; conditions préalables dont, pour Allemagne, il s’agissait d’abord de conquérir la réalisation.

65. Les gouvernements absolus d’Allemagne avec leur séquelle de prêtres, de maîtres d’école, de hobereaux et de bureaucrates, trouvèrent dans les doctrines de ce socialisme l’épouvantail qu’il leur fallait pour réagir contre la bourgeoisie grandissante et menaçante.

Ce socialisme fut un habillage de confiseries dont s’enveloppa l’âpre traitement de coups de fouet et de coups de fusil, que les gouvernements administrèrent à la fièvre émeutière des ouvriers allemands.

Ainsi le socialisme « vrai » devint une arme, contre la bourgeoisie, aux mains des gouvernements. Et aussi bien son but immédiat était de défendre un intérêt réactionnaire, l’intérêt de la bourgeoisie allemande des petites villes. En Allemagne, la petite bourgeoisie, legs du xvie siècle et toujours renaissante depuis ce temps sous ces formes diverses, forme la base sociale réelle du régime existant.