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des contre-maîtres et par des domestiques.

60. Dans les pays, comme la France, où la classe paysanne forme bien plus de la moitié de la population, il est naturel que des écrivains, en plaidant la cause du prolétariat contre la bourgeoisie, aient, dans leur critique du régime bourgeois, appliqué l’étalon des notions de la petite bourgeoisie et des paysans, qu’ils aient pris fait et cause pour les ouvriers dans un esprit de petite bourgeoisie. Ainsi s’est formé le socialisme des petits bourgeois. Le chef de cette littérature, non seulement pour la France, mais pour l’Angleterre, c’est Sismondi.

Ce socialisme, avec une extrême subtilité, fit l’analyse des contradictions inhérentes aux conditions modernes de la production. Il mit à nu l’hypocrisie qui est le fond des plaidoyers optimistes des économistes. Il démontra d’une façon irréfutable les effets destructeurs du machinisme et de la division du travail, la concentration des capitaux et des propriétés foncières, la surproduction, les crises, la nécessité du déclin des petits bourgeois et des paysans, la misère du prolétariat, l’anarchie de la production, les disproportions criantes qui se révèlent dans la répartition des richesses, la guerre d’extermination industrielle entre nations, la dissolution des coutumes anciennes, des rapports de famille, des nationalités d’autrefois.

61. Le contenu positif de ce socialisme, cependant, quel est-il ? Ou bien il veut restaurer les anciennes méthodes de production et de communication, et avec eux le régime ancien de la