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donc plus pour elles d’une lutte politique sérieuse. Il ne leur restait que la bataille littéraire. Mais, même en littérature, la vieille phraséologie de la Restauration était devenue insupportable. Pour éveiller des sympathies, l’aristocratie dut faire semblant de perdre de vue ses propres intérêts. C’est, en apparence, pour servir les intérêts de la classe ouvrière exploitée, qu’elle rédigea son réquisitoire contre la bourgeoisie. Elle se ménagea ainsi la satisfaction de pouvoir entonner des chants injurieux contre son nouveau maître, tout en lui soufflant à l’oreille des prophéties plus ou moins grosses de menaces.

Ainsi naquit le socialisme féodal. Il tient de la complainte et du libelle. On y perçoit l’écho du passé et déjà les grondements de l’avenir. Parfois il frappe au cœur la bourgeoisie par une critique amère, spirituelle, sanglante. Toujours il parut comique par son impuissance totale à comprendre la marche de l’histoire moderne.

56. En guise de drapeau, ces hommes arborèrent la besace des gueux prolétariens, et cherchèrent ainsi à ameuter le peuple. Mais à peine essayait-on de les suivre, qu’on apercevait les vieux écussons féodaux dont leurs chausses se blasonnaient par derrière, et le peuple de se disperser en s’esclaffant irrévérencieusement.

Quelques légitimistes français et la jeune Angleterre donnèrent ce spectacle joyeux.

Quand les féodaux démontrent que leurs procédés d’exploitation étaient différents dans la