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heures de travail, on augmente le travail exigible dans un temps donné, on accélère la marche des machines, etc.

16. Par l’industrie moderne, le petit atelier du maître-artisan patriarcal est devenu la grande usine du capitaliste industriel. Des multitudes ouvrières, encaquées dans l’usine, y sont organisées militairement. Ce sont les simples soldats de l’industrie, et il y a toute une hiérarchie de sous-officiers et d’officiers pour les surveiller. Il ne suffit pas qu’ils soient les serfs de la classe bourgeoise, de l’État bourgeois. Tous les jours et à toute heure ils sont asservis à la machine, au contrôleur, surtout au fabricant bourgeois lui-même. Despotisme d’autant plus mesquin, d’autant plus haineux et plus exaspérant, qu’il proclame plus ouvertement le lucre pour sa fin unique.

17. A mesure que le travail manuel exige moins d’habileté et de force physique (et il en exige de moins en moins à mesure que l’industrie moderne se développe), on voit le travail des femmes évincer le travail viril. Les différences de sexe et d’âge n’ont plus d’importance sociale pour la classe ouvrière. Les ouvriers ne sont plus que des instruments de travail, dont les frais d’entretien varient avec l’âge et le sexe.

18. Et une fois terminée l’exploitation de l’ouvrier par le fabricant, et le salaire payé en espèces trébuchantes, elle n’a pas encore de fin. Car aussitôt accourent les autres espèces de bourgeois, le propriétaire, le commerçant au