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destruction venaient lui couper brusquement les moyens d’existence. L’industrie, le commerce paraissent anéantis, et pourquoi ? Parce que cette société a trop de civilisation, trop de moyens d’existence, trop d’industrie, trop de commerce. Les forces productives dont elle dispose ne servent plus alors à fortifier la situation de la propriété bourgeoise. Au contraire, elles ont prodigieusement dépassé dans leur croissance les proportions étroites de cette propriété. Cette propriété alors les entrave ; et, en jetant à bas cet obstacle, elles jettent aussi le désordre dans toute la société bourgeoise, elles menacent la propriété bourgeoise dans son existence même. Les conditions de l’existence bourgeoise sont devenues trop étroites pour retenir en elle toutes les richesses qu’elles ont servi à produire. — Quels sont les procédés dont use la bourgeoisie pour sortir de ces crises ? Le premier, c’est d’anéantir par la force une multitude de forces productives. Le second, c’est de conquérir des marchés nouveaux et d’exploiter plus à fond les marchés anciens. À quoi donc se réduisent ces procédés ? On le voit : c’est à préparer des crises encore plus formidables et qui touchent à plus d’industries ; à diminuer encore les moyens qu’on a de prévenir ces crises.

15. Ainsi, les armes, dont la bourgeoisie s’est servie pour abattre la féodalité, se retournent à présent contre elle-même.

Ce n’est pas tout. Ce ne sont pas les armes seulement, dont elle périra, qu’elle a forgées.