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que s’ouvraient de nouveaux marchés. La manufacture vint prendre sa place. Les maîtres de métier furent refoulés par la classe moyenne industrielle, et à la division du travail entre les diverses corporations se substitua la division du travail dans l’atelier même.

Mais les marchés ne cessèrent point de grandir, les besoins ne cessèrent point de s’accroître. Ce fut au tour de la manufacture d’être insuffisante. Et la vapeur et le machinisme vinrent révolutionner la production industrielle. La manufacture céda la place à la grande industrie moderne ; la petite bourgeoisie industrielle céda la place aux millionnaires de l’industrie, aux chefs de véritables armées industrielles, aux bourgeois modernes.

La découverte de l’Amérique avait rendu possible le marché du monde : la grande industrie le réalisa. Le marché du monde fut pour le commerce, pour la navigation, pour les voies de communication par terre, le motif d’un développement immense, développement qui, à son tour, réagit sur la croissance de l’industrie ; et chaque élargissement nouveau de l’industrie, du commerce, de la navigation, des voies terrées marquait un nouveau pas en avant de la bourgeoisie, qui multipliait d’autant plus ses capitaux et refoulait plus loin, à l’arrière plan, l’ensemble des autres classes sociales, résidu et legs du moyen-âge.

5. Ainsi la bourgeoisie moderne apparaît comme le produit d’un long développement, de toute une série de révolutions dans le mode de