rents partis d’opposition » suffit à montrer combien, au temps de la première publication du Manifeste (janvier 1848), la surface était restreinte, sur laquelle se propageait le mouvement prolétarien. Ce qui frappe, c’est qu’il n’y soit fait mention ni de la Russie ni des États-Unis. C’est qu’en ce temps la Russie formait la dernière réserve puissante de la réaction européenne ; et l’émigration aux États-Unis absorbait l’excédent des forces du prolétariat européen. Les deux pays étaient à la fois les pourvoyeurs auprès desquels l’Europe se fournissait de matières premières, et les débouchés où elle écoulait ses produits industriels. De toute manière ces pays étaient donc un appui pour l’ordre social européen.
Que les temps sont changés ! C’est l’émigration européenne qui a rendu possible le développement prodigieux de l’agriculture américaine, dont la concurrence ébranle jusque dans ses fondements la grande et la petite propriété européenne. Du même coup elle a mis les États-Unis en mesure de commencer l’exploitation de ses ressources industrielles immenses. Ils l’ont fait avec une énergie et en des proportions telles que le monopole industriel de l’Europe occidentale ne manquera pas de finir à bref délai. À leur tour, ces faits ont une répercussion révolutionnaire en Amérique. La petite et la moyenne propriété foncière des farmers qui travaillent de leurs bras, forme la base de tout l’ordre politique américain : or, elle succombe de plus en plus à la concurrence des