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exclusivement les luttes locales et immédiates contre le Capital. Ils n’ont pas encore compris parfaitement leur force offensive contre le système d’esclavage du salariat et contre le mode de production actuel. C’est pourquoi ils se sont tenus trop à l’écart des mouvements sociaux et politiques généraux. Ces derniers temps pourtant, ils semblent s’éveiller en quelque sorte à la conscience de leur grande tâche historique, comme on peut l’inférer, par exemple, de leur participation en Angleterre au mouvement politique le plus récent, de leur conception plus élevée de leur fonction aux Etats-Unis et de la résolution suivante que la dernière grande conférence des délégués des trade-unions a prise à Sheffield :

Cette conférence apprécie tout à fait les efforts de l’Association internationale pour unir les ouvriers de tous les pays dans une fédération fraternelle commune, et recommande instamment aux différentes associations qui sont représentées à la conférence de devenir membres de cette organisation, convaincue qu’elle est nécessaire au progrès et au bien-être de la classe ouvrière tout entière.

C) Leur avenir. En dehors de leurs buts primitifs, il faut que les syndicats apprennent à agir dorénavant de manière plus consciente en tant que foyers d’organisation de la classe ouvrière dans l’intérêt puissant de leur émancipation complète. Il faut qu’ils soutiennent tout mouvement social et politique qui tend à ce but. En se considérant eux-mêmes et en agissant comme les pionniers et les représentants de la classe tout entière, ils réussiront nécessairement à attirer à eux ceux qui se tiennent encore en dehors du syndicat. Il faut qu’ils s’occupent soigneusement des intérêts des couches ouvrières les plus mal payées, par exemple, des ouvriers agricoles, auxquels des circonstances particulièrement défavorables ont enlevé leur force de résistance. Il faut qu’ils inculquent au monde entier la conviction que leurs efforts, bien loin d’être égoïstes et intéressés, ont au contraire pour but l’émancipation des masses écrasées.


b) Extraits de la résolution préparée par Marx sur l’action politique et adoptée par la conférence de Londres de l’Association internationale des travailleurs, septembre 1871[1].


Considérant que contre la violence collective des classes possédantes, le prolétariat comme classe ne peut intervenir que s’il se constitue en parti politique distinct, en opposition avec

  1. Comparer aussi la résolution correspondante du congrès de La Haye de septembre 1872.