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sèrent les salaires des ouvriers agricoles même au-dessous des limites purement physiques et firent ajouter par le Bureau de bienfaisance ce qui était nécessaire à la conservation physique de la race. C’était une manière glorieuse de transformer l’ouvrier salarié en esclave et le paysan libre et fier de Shakespeare en un indigent assisté.

Si vous comparez les salaires normaux, c’est-à-dire les valeurs du travail dans différents pays et à des époques historiques différentes dans le même pays, vous trouverez que la valeur du travail elle-même n’est pas une grandeur fixe, qu’elle est variable même si l’on suppose que les valeurs de toutes les autres marchandises restent constantes, D’une comparaison analogue des taux du profit sur le marché il ressortirait que non seulement ceux-ci varient, mais aussi leurs taux moyens.

En ce qui concerne les profits, il n’existe pas de loi qui déterminerait leur limite inférieure. Nous ne pouvons pas dire quelle est la limite dernière de leur baisse. Et pourquoi ne pouvons-nous pas fixer cette limite ? Parce que nous sommes bien capables de fixer les salaires minimums, mais pas les salaires maximums. Nous pouvons seulement dire que les limites de la journée de travail étant données, le maximum des profits correspond à la limite physiologique la plus basse des salaires, et que, étant donné les salaires, le maximum des profits correspond à la prolongation de la journée de travail encore compatible avec les forces physiques de l’ouvrier. Le maximum du profit n’est donc limité que par le minimum physiologique de salaire et le maximum physiologique de la journée de travail. Il est clair qu’entre ces deux limites du taux maximum du profit, il y a place pour une échelle immense de variations possibles. Son degré réel n’est déterminé que par la lutte incessante entre le Capital et le Travail ; le capitaliste essayant continuellement d’abaisser les salaires à leur minimum physiologique et de prolonger la journée de travail à son maximum physiologique, tandis que l’ouvrier exerce constamment une pression dans le sens opposé.

La chose se réduit à la question des forces respectives des combattants.