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7. La force de travail


Après avoir étudié, autant qu’on pouvait le faire en un examen aussi rapide, la nature de la valeur, de la valeur d’une marchandise quelconque, il nous faut porter notre attention sur la valeur spéciale du travail. Et sur ce point, je vais être obligé d’exciter à nouveau votre étonnement par un paradoxe apparent. Vous êtes tous absolument persuadés que ce que vous vendez journellement, c’est votre travail, que, par conséquent, le travail a un prix, et que, le prix d’une marchandise n’étant que l’expression de sa valeur en argent, il doit très certainement exister quelque chose comme une valeur du travail. Et pourtant il n’existe rien du genre de la valeur du travail au sens ordinaire du mot. Nous avons vu que c’est la quantité de travail nécessaire cristallisée dans une marchandise qui en constitue la valeur. Mais, appliquant cette notion de la valeur, comment pourrions-nous déterminer, par exemple, la valeur d’une journée de travail de dix heures ? Combien y a-t-il de travail contenu dans cette journée ? Dix heures de travail. Si nous disions que la valeur d’une journée de travail de dix heures égale dix heures de travail, ou bien la quantité de travail qu’elle renferme, ce serait une tautologie, et, par-dessus le marché, une absurdité. Naturellement, une fois que nous aurons trouvé le sens véritable, mais caché de l’expression « valeur du travail », nous serons en mesure d’expliquer cette application irrationnelle et apparemment impossible de la valeur, de la même manière que nous sommes en mesure d’expliquer les mouvements des corps célestes, qu’ils soient visibles ou perçus seulement sous certaines formes, lorsque nous avons découvert leurs mouvements réels.

Ce que l’ouvrier vend, ce n’est pas directement son travail, mais sa force de travail dont il cède au capitaliste la disposition momentanée. Cela est si vrai, que la loi, — je