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DEUXIEME PARTIE

La théorie marxiste de la valeur
et de la plus-value

6. Valeur et travail


Citoyens, j’en suis arrivé au point où il me faut aborder le développement réel de la question. Je ne puis promettre de le faire d’une manière très satisfaisante, car il me faudrait pour cela traiter le champ entier de l’économie politique. Je ne puis, comme disent les Français, qu’« effleurer la question », ne toucher qu’à ses points principaux.

La première question que nous avons à nous poser est celle-ci : Qu’est-ce que la valeur d’une marchandise ? Comment la détermine-t-on ?

Au premier abord, il semblerait que la valeur d’une marchandise fût une chose tout à fait relative, qui ne saurait être fixée sans qu’on considère une marchandise dans ses rapports avec d’autres marchandises. En effet, lorsque nous parlons de la valeur, de la valeur d’échange d’une marchandise, nous avons dans l’esprit les quantités relatives dans lesquelles elle peut être échangée avec toutes les autres marchandises. Mais alors se présente la question : Comment sont réglés les rapports suivant lesquels les marchandises sont échangées les unes contre les autres ?

Nous savons, par expérience, que ces rapports sont infiniment variés. Prenons une seule marchandise, du blé, par exemple, nous trouverons qu’un quarter de blé s’échange suivant des proportions presque infinies contre différentes marchandises. Et, cependant, sa valeur restant toujours la même, qu’elle soit exprimée en soie, en or, ou en toute autre marchandise, il faut qu’elle soit chose distincte et indépendante des diverses proportions suivant les-