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colonies féodales, des ordres militaires des chevaliers en Prusse et en Livonie, ne faisaient que préparer le terrain pour un système de germanisation autrement vaste et efficace par la bourgeoisie commerçante et industrielle, laquelle, en Allemagne, aussi bien que dans le reste de l’Europe occidentale, avait acquis de l’importance sociale et politique depuis le xve siècle. Les Slaves et, en particulier, les Slaves occidentaux (Polonais et Tchèques) sont essentiellement une race agricole ; ils n’ont jamais fait grand cas de l’industrie et du commerce. Il en résulta qu’avec l’accroissement de la population et la création des villes dans ces régions, la production de tous les articles industriels tomba de plus en plus entre les mains des immigrés allemands, et que l’échange de ces marchandises contre des produits agricoles devint le monopole exclusif des juifs, lesquels, en tant qu’ils appartiennent à une nationalité quelconque, sont dans ces pays, sans conteste, plutôt Allemands que Slaves. Cela a été le cas, bien qu’à un degré moindre, dans toute l’Europe orientale. A Pétersbourg, Pesth, Jassy et même à Constantinople, l’artisan, le petit bourgeois, le petit manufacturier, est, jusqu’à l’heure présente, un Allemand ; tandis que le prêteur