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tique d’administration. Ces précieux ministres constitutionnels et responsables réintégrèrent même dans leurs postes les fonctionnaires que le peuple, dans le premier feu de son ardeur révolutionnaire, avait chassés pour cause de leurs anciennes insolences bureaucratiques. Il n’y avait de changé en Prusse que les personnes des ministres ; on ne toucha même pas aux états-majors ministériels des différents départements ; quant à tous les quémandeurs de place constitutionnels, qui avaient formé le chœur des gouvernants nouvellement élus, et qui s’attendaient à leur part de pouvoir et d’emplois, on leur signifia qu’ils eussent à attendre que la stabilité des choses restaurée permît d’introduire des changements dans le personnel bureaucratique, lesquels pour le moment n’étaient pas sans danger.

Le roi, tout à fait démonté depuis l’insurrection du 18 mars, s’aperçut bientôt que ces ministres « libéraux » avaient tout aussi besoin de lui qu’il avait besoin d’eux. Le trône avait été épargné par l’insurrection ; le trône était le dernier obstacle opposé à l’anarchie ; la bourgeoisie libérale et ses chefs, actuellement au ministère, avaient donc tout intérêt à vivre en bonne intelligence avec le trône. Le roi et la Camarilla réactionnaire qui l’entourait, ne