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secret en effet était cet agent, car huit mois durant il avait caché sa face par crainte de rencontrer en chair et en os un de ces hommes dont il prétendait rapporter de semaine en semaine les pensées, les paroles et les agissements les plus secrets.

MM. Hirsch et Fleury cependant tenaient en réserve une autre invention. Ils réunirent tous les rapports qu’ils avaient faits en un « procès-verbal original » des séances du comité secret suprême dont la police prussienne affirmait l’existence ; et comme M. Stieber s’était aperçu que ce procès-verbal concordait à merveille avec les rapports déjà fournis par les mêmes personnes, il le communiqua au jury, jurant que, après un examen sérieux, il avait acquis la conviction absolue de l’authenticité du procès-verbal. C’est alors que la plupart des absurdités rapportées par Hirsch furent rendues publiques. On se figure l’étonnement des prétendus membres de ce comité secret lorsqu’ils entendirent narrer sur leur compte des choses qu’ils ne soupçonnaient même pas. Tel qui avait été baptisé Guillaume s’appelait ici Louis ou Charles ; à d’aucuns on faisait prononcer un discours à Londres alors qu’ils se trouvaient à l’autre bout de l’Angleterre ; à d’autres