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l’esprit pusillanime et irrésolu qui caractérise ses opérations commerciales et qu’elle apporte dans la politique. En mai 1849, elle avait, grâce à ce procédé, perdu la confiance de la véritable armée militante des insurrections européennes, de la classe ouvrière. Et pourtant, tout n’était pas encore perdu pour elle.

Le parlement allemand lui appartenait exclusivement depuis le départ des réactionnaires et des libéraux. Elle avait pour elle la population rurale. Deux tiers des armées des petits États, un tiers de la Landwehr (la réserve ou la milice) étaient prêts à se joindre à elle, à la seule condition qu’elle agirait avec la détermination et le courage qui sont le résultat d’une vue nette de la situation. Or, les politiciens à la tête de cette classe n’étaient pas plus perspicaces que la masse des petits bourgeois qui les suivaient. Ils se montraient plus aveuglés, plus opiniâtrement attachés à des illusions nourries délibérément, plus crédules, plus incapables de compter résolument avec les faits que les libéraux eux-mêmes. Leur influence politique est également tombée au-dessous de zéro. Cependant, comme ils n’avaient pas effectivement mis à exécution leurs banals principes, ils auraient pu dans des circonstances très favorables ressusciter momen-