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la peur d’être réduite à l’état de prolétaires, ou même à celui d’indigents, entre l’espoir d’avancer ses intérêts par la conquête d’une part dans la direction des affaires politiques et la crainte de provoquer par une opposition intempestive la colère d’un gouvernement qui dispose de son existence même, puisqu’il peut lui enlever ses meilleurs clients, possédant peu de moyens et dont l’insécurité est en raison inverse de la grandeur, cette classe a les vues les plus vacillantes.

Humble et bassement soumise sous un gouvernement féodal ou monarchique puissant, elle penche pour le libéralisme quand la bourgeoisie est dans l’ascendant ; elle a de violents accès démocratiques aussitôt que la bourgeoisie a conquis sa propre suprématie, et elle retombe dans le découragement d’une peur abjecte dès que la classe au-dessous d’elle, le prolétariat, tente un mouvement indépendant. Nous verrons tout à l’heure comment cette classe passe alternativement d’une de ces phases à l’autre.

La classe ouvrière en Allemagne, en ce qui concerne le développement social et politique, est aussi arriérée vis-à-vis de celle d’Angleterre et de France que la bourgeoisie allemande retarde sur celle de ces pays, Tel