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Pour l’organisation définitive d’un plan de défense, on faisait peu de chose. Bem, le seul homme qui aurait pu sauver Vienne, si qui que ce soit alors eût pu le faire, un étranger à peu près inconnu, slave de naissance, Bem renonça à la tâche, accablé qu’il était par la méfiance générale. Eût-il persévéré, il se peut qu’on l’eût lynché comme traître. Messenhauser, le chef des forces révolutionnaires, qui n’était même pas officier subalterne, mais plutôt romancier, était absolument au-dessous de sa tâche, et ainsi, après huit mois de luttes révolutionnaires, le parti populaire n’avait ni produit, ni attiré à lui, un homme de guerre plus capable.

La bataille s’engagea dans ces conditions. Eu égard à leurs moyens de défense plus que défectueux, à leur manque total d’habileté militaire, à l’absence d’organisation dans les rangs, les Viennois firent une résistance héroïque. En beaucoup d’endroits l’ordre donné par Bem alors qu’il avait le commandement : « de défendre ce poste jusqu’au dernier homme », fut exécuté à la lettre. Mais la force prévalut. Une barricade après l’autre fut balayée par l’artillerie impériale dans les longues et larges avenues qui constituent les principales rues de la banlieue, et dans la soirée