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glais, en cherchant à observer l’étiquette d’un langage « humanitaire » ; s’ils reprochent à Ricardo et à son école leur langage cynique, c’est qu’ils sont vexés de voir exposer les rapports économiques dans toute leur crudité, de voir trahis les mystères de la bourgeoisie.

Résumons : le travail, étant lui-même marchandise, se mesure comme tel par le temps du travail qu’il faut pour produire le travail-marchandise. Et que faut-il pour produire le travail-marchandise ? Tout juste ce qu’il faut de temps de travail pour produire les objets indispensables à l’entretien incessant du travail, c’est-à-dire à faire vivre le travailleur et à le mettre en état de propager sa race. Le prix naturel du travail n’est autre chose que le minimum du salaire. Si le prix courant du salaire s’élève au-dessus du prix naturel, c’est précisément parce que la loi de la valeur, posée en principe par M. Proudhon se trouve contre-balancée par les conséquences des variations du rapport de l’offre et de la demande. Mais le minimum du salaire n’en reste pas moins le centre vers lequel gravitent les prix courants du salaire.

Ainsi, la valeur relative, mesurée par le temps du travail est fatalement la formule de l’esclavage moderne de l’ouvrier, au lieu d’être, comme M. Proudhon le veut, la « théorie révolutionnaire » de l’émancipation du prolétariat.

Voyons maintenant en combien de cas l’appli-