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ce que Ricardo et son école ont longtemps avant lui présenté comme la formule scientifique d’un seul côté de l’antinomie, de la valeur en échange. Mais mettons pour toujours la postérité de côté, et confrontons M. Proudhon avec son prédécesseur Ricardo. Voici quelques passages de cet auteur, qui résument sa doctrine sur la valeur :

« Ce n’est pas l’utilité qui est la mesure de la valeur échangeable quoiqu’elle lui soit absolument nécessaire. » (P. 3, t. Ier des Principes de l’économie politique, etc., traduit de l’anglais par J.S. Constancio, Paris 1835.)

« Les choses, une fois qu’elles sont reconnues utiles par elles-mêmes, tirent leur valeur échangeable de deux sources : de leur rareté et de la quantité de travail nécessaire pour les acquérir. Il y a des choses dont la valeur ne dépend que de leur rareté. Nul travail ne pouvant en augmenter la quantité, leur valeur ne peut baisser par leur plus grande abondance. Tels sont les statues ou les tableaux précieux, etc. Cette valeur dépend uniquement des facultés, des goûts et du caprice de ceux qui ont envie de posséder de tels objets. » (N° 4 et 5, t. Ier, l. c.) « Ils ne forment cependant qu’une très petite quantité des marchandises qu’on échange journellement. Le plus grand nombre des objets que l’on désire posséder étant le fruit de l’industrie, on peut les multiplier, non seulement dans un pays, mais dans plusieurs, à un degré auquel il est presque im-