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Le système des besoins tout entier est-il fondé sur l’opinion ou sur toute l’organisation de la production ? Le plus souvent les besoins naissent directement de la production, ou d’un état de choses basé sur la production. Le commerce de l’univers roule presque entier sur des besoins, non de la consommation individuelle, mais de la production. Ainsi, pour choisir un autre exemple, le besoin que l’on a des notaires ne suppose-t-il pas un droit civil donné, qui n’est qu’une expression d’un certain développement de la propriété, c’est-à-dire de la production ?

Il ne suffit pas à M. Proudhon d’avoir éliminé du rapport de l’offre et de la demande les éléments dont nous venons de parler. Il pousse l’abstraction aux dernières limites, en fondant tous les producteurs en un seul producteur, tous les consommateurs en un seul consommateur, et en établissant la lutte entre ces deux personnages chimériques. Mais dans le monde réel les choses se passent autrement. La concurrence entre ceux qui offrent et la concurrence entre ceux qui demandent, forment un élément nécessaire de la lutte entre les acheteurs et les vendeurs, d’où résulte la valeur vénale.

Après avoir éliminé les frais de production et la concurrence, M. Proudhon peut tout à son aise, réduire à l’absurde la formule de l’offre et de la demande.

« L’offre et la demande, dit-il, ne sont autre