Voilà un échantillon de « la méthode historique et descriptive » de M. Proudhon, qui professe un dédain superbe pour la « méthode historique et descriptive » des Adam Smith et des Ricardo.
L’échange a son histoire à lui. Il a passé par différentes phases.
Il fut un temps, comme au Moyen-Âge, où l’on n’échangeait que le superflu, l’excédant de la production sur la consommation.
Il fut encore un temps où non-seulement le superflu, mais tous les produits, toute l’existence industrielle était passée dans le commerce, où la production tout entière dépendait de l’échange. Comment expliquer cette deuxième phase de l’échange — la valeur vénale à sa deuxième puissance ?
M. Proudhon aurait une réponse toute prête : Mettez qu’un homme ait « proposé à d’autres hommes, ses collaborateurs dans des fonctions diverses, » d’élever la valeur vénale à sa deuxième puissance.
Vint enfin un temps où tout ce que les hommes avaient regardé comme inaliénable devint objet d’échange, de trafic et pouvait s’aliéner. C’est le temps où les choses mêmes qui jusqu’alors étaient communiquées, mais jamais échangées ; données, mais jamais vendues ; acquises, mais jamais achetées, — vertu, amour, opinion, science, conscience, etc., — où tout enfin passa dans le commerce. C’est le temps de la corruption générale, de la vénalité universelle, ou, pour parler en