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Comment voulez-vous encore sanctionner la libre concurrence par cette idée de liberté quand cette liberté n’est que le produit d’un état de choses basé sur la libre concurrence ?

Nous avons fait voir ce que c’est que la fraternité que le libre échange fait naître entre les différentes classes d’une seule et même nation. La fraternité que le libre échange établirait entre les différentes nations de la terre, ne serait guère plus fraternelle. Désigner par le nom de fraternité universelle l’exploitation à son état cosmopolite, c’est une idée qui ne pouvait prendre origine que dans le sein de la bourgeoisie. Tous les phénomènes destructeurs que la libre concurrence fait naître dans l’intérieur d’un pays se reproduisent dans des proportions plus gigantesques sur le marché de l’univers. Nous n’avons pas besoin de nous arrêter plus longuement aux sophismes que débitent à ce sujet les libres-échangistes, et qui valent bien les arguments de nos trois lauréats, Messieurs Hope, Morse et Gregg.

On nous dit, par exemple, que le libre échange ferait naître une division internationale du travail qui assignerait à chaque pays une production en harmonie avec ses avantages naturels.

Vous pensez peut être, Messieurs, que la production du café et du sucre, c’est la destinée naturelle des Indes Occidentales.

Deux siècles auparavant la nature qui ne se