Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terre : elle ne passera pas le détroit. » (Proudhon, tome Ier, pp. 261 et 262.)

De toutes les villes de l’Angleterre, Bolton est celle où le radicalisme est le plus développé. Les ouvriers de Bolton sont connus pour être on ne peut plus révolutionnaires. Lors de la grande agitation qui eut lieu en Angleterre pour l’abolition des lois céréales, les fabricants anglais ne crurent pouvoir faire face aux propriétaires fonciers qu’en mettant en avant les ouvriers. Mais comme les intérêts des ouvriers n’étaient pas moins opposés à ceux des fabricants, que les intérêts des fabricants ne l’étaient à ceux des propriétaires fonciers, il était naturel que les fabricants dussent avoir le dessous dans les meetings des ouvriers. Que firent les fabricants ? Pour sauver les apparences, ils organisèrent des meetings composés, en grande partie des contremaîtres, du petit nombre d’ouvriers qui leur étaient dévoués et des amis du commerce proprement dits. Quand ensuite les véritables ouvriers essayèrent, comme à Bolton et à Manchester, d’y prendre part pour protester contre ces démonstrations factices, on leur défendit l’entrée, en disant que c’était un ticket-meeting. On entend par ce mot des meetings où l’on n’admet que des personnes munies de cartes d’entrée. Cependant les affiches, placardées sur les murs, avaient annoncé des meetings publics. Toutes les fois qu’il y avait de ces meetings, les journaux des fabricants rendaient